Les oiseaux volent dans la pâleur du ciel. Le soleil n’est pas encore levé, et pourtant la chaleur est déjà présente dans l’air de la savane. La plupart des animaux se réveillent et d’autres partent se coucher.
Moi, je fais parti de ceux qui sont levés depuis un bon moment. Certains se lèvent plus tôt pour chasser. A leur différence, je me suis levé pour me promener dans cette contrée que j’aime, et profiter de la solitude.
La poussière du sol se décolle à chacun de mes pas, lourds et réguliers. Mon souffle posé inspire l’air chaud de la savane et expire tout le bonheur que j’éprouve en foulant cette terre. Ma promenade matinale me conduit au bord du grand précipice. Plus communément appelé La Faille, beaucoup de félins la craignent. Je ne vois pas pourquoi. C’est juste un grand trou. J’admets qu’il y a toujours un risque ; on peut tomber dedans. Il faudrait être aveugle pour ne pas la voir ! Je m’approche pour être tout au bord du trou. Je m’allonge et laisse ma tête pendre dans le vide. A ma grande déception je ne vois rien, le fond est noir comme de la suie. Je pense que même si le soleil était haut dans le ciel on ne pourrait pas voir le fond, c’est sur que l’on arriverait mieux distinguer les bords du précipice, mais sans plus. Je me retire de cette vision et reprend ma route le long de La Faille.
Quelques instants plus tard je me rends compte que j’ai faim, et décide de trouver quelque chose à manger. Je flaire un petit animal. J’adopte la position de chasse apprise par ma mère il y a longtemps et avance doucement vers ma proie.
Je l’observe avec tristesse, je ne sais pas comment font les lionnes pour tuer tous ces animaux… Moi, je n’aime pas cela, je n’aime pas la mort… Mais vu qu’il faut tuer pour survivre et bien je n’ai pas le choix. Je bondi sur le petit animal et le croque à pleine dents. Je n’aime pas la mort mais il était quand même succulent ! Ce maigre repas dans l’estomac je reprends ma marche près de La Faille.
Je m’arrête quelques minutes plus tard sous un arbre ,non loin du précipice et m’allonge en dessous. Couché seul, sur le sol comme cela, je suis un lion parmi d’autre, mais de retour parmi les miens, je redeviens le Roi aux lourdes responsabilités. Je soupir. J’aime mon clan et lui est fidèle, mais parfois la vie est dure. Heureusement que j’ai la chance d’avoir la lionne que j’aime à mes côtés. Jaïna. Son nom me fait rêver et provoque un fourmillement dans ma poitrine au niveau du cœur. Je m’endors doucement en pensant à elle.

Le doux rêve heureux que j’étais en train de faire, ce transformait petit à petit en cauchemar… Noir… Tout est noir… Une odeur infâme imprègne l’air, une odeur que je reconnais bien. L’odeur de nos ennemis de toujours. L’odeur d’un Islander ! Je cauchemarde sur un Islander, mais si c’était vraiment qu’un cauchemar pourquoi ai-je l’impression d’être en danger ? Cette sensation au fond de la poitrine prouve que je le suis ! Fini les rêves, fini les cauchemars ! Je me réveille d’un coup, bondis sur mes pattes et me retrouve nez à nez avec … le Roi des Islanders ! Ah ouai ! Rien que ça ! Et je me sentais en danger. Moi, qui pensais être tranquille dans cet endroit paumé, pour éviter de faire ce genre de merveilleuses rencontres. Grognement. Je ne l’aime pas en plus avec son regard d’assassin. On a l’impression qu’il veut vous tuer tout le temps, quoi que l’on fasse ! Un vrai psychopathe ce Lion ! Psychopathe peut-être, mais fort… Très fort… Je ne conseillerais à personne d’aller ce frotter à lui.
Après mon réveil maussade, la méfiance pénètre en moi. Il n’a pas l’habitude de faire de quartier. Je ne suis pas faible, mais il est plus que fort, je le sais. Il vaut mieux de pas engager les hostilités. Je m’assois tranquillement, tout mes muscles bandés au cas où, il ce déciderait à m’attaquer et déclare :

- Salutations. Que fait tu pars ici ?

Je commence à faire ma toilette tout en gardant un œil sur mon ennemi. Je ne sais pas comment il vas réagir, mais je sais que si il m’attaque j’aurais vraiment peu de chance de m’en sortir, sauf si je me montre plus malin que lui…